Allo, ma belle fille.

On ne se parle pas assez, toi et moi.

Je veux dire de se parler pour vrai, face à face, en se regardant dans le blanc des yeux.
C’est difficile quand nos écrans nous ensorcellent.

Justement, c’est de ça qu’il faut qu’on se jase, ma belle grande. Je te blâme pas, moi aussi j’ai de la misère à décrocher. Ça fais que je te vois aller. Je les vois, tes beaux selfies cadrés artistiquement et avec juste assez de filtre pour faire ressortir tes beaux yeux. Tu est magnifique, tu l’a toujours été et le sera toujours.

Sauf que la société, ben la maudite société va essayer de te mettre dans la tête que ta valeur est reliée au nombre de “Likes” que ton beau selfie va attirer. Que tu vaux juste quelque chose si ce que tu fais attire les pouces en l'air pixelisés...que tu vaux rien de plus que la superficialité numérique. Plus t'a d'amis sur Facebook, plus tu es quelqu'un.

Tu pleurais, l’autre fois. Tu t’en souviens? Tu pleurais pour avoir un compte Instagram, comme tes amies d’école. Je t’ai dis non, sans vraiment prendre le temps de te parler, de t’expliquer.

Tu vis déjà trop de pression, du haut de ton 14 ans et demi. De la pression pour être belle. Et je le vois brûler dans tes yeux, ton désir de plaire.

Ce désir de plaire qui te fais mettre ton jugement au placard quelques secondes et qui malheureusement bien souvent l’emporte sur la réflexion. Ce désir d'être aimer, d'être accepter qui te pousse à dire oui à n'importe quoi, pourvu que le regard de tes pairs devienne positif.

Pis t'sais, belle chérie, moi ça me fais peur pour toi.

Parce que le poids de ceux dans ton écran, leurs regards et leurs jugements valent pour toi plus que le mien, celui de Papa...et même souvent plus que le tien.

Tu laisse le regard des autres dicter ta valeur, tes actions, tes intérêts,

Tu vaux plus que ça, mais je sais que tu t'en fous royalement quand ça viens de moi.

J'aimerais ça trouvé LA façon de te donner confiance en toi de manière instantanée. J'aimerais ça pouvoir te protéger des jugements négatifs, de tout ce qui pourrais te blesser.

 J'aimerais ça, trouver LA façon de communiquer avec toi sans que ça finisse par des roulements de yeux, des soupirs ou le ton qui monte. L'adolescence, c'est pas facile. Ni pour toi, ni pour nous.

J'aimerais tellement ça, que tu comprenne que ta valeur, c'est toi qui la définis. Que les autres, ce qu'ils pensent, c'est d'la marde et que ça vaux rien. Je voudrais pour toi que tu sois déjà une femme forte et fière, qui rugis devant l'adversité, sûre d'elle-même, debout contre vent et marrées...dans le fond, je voudrais que tu sois WonderWoman, t'sais.

Je sais que dans le fond, y'a absolument rien que je peux faire pour t'aider, sauf te jaser. Croire en toi, et t'aimer.

Et ça, ma belle, crois moi que ça va toujours être le cas.

Je serai toujours là. Toujours.


Commentaires

Messages les plus consultés

Recevez des histoires courtes et mes plus récentes publications direct dans votre boîte courriel!